HEIDELBERG
RETINA TOMOGRAPH : LECTURE ET
INTERPRÉTATION
D'après
la communication
de
Mérouane
Berkani
Les
altérations du nerf optique précèdent toujours les
déficits du champ visuel. Il est capital de déceler la neuropathie
au stade précampimétrique. Cela devient possible grâce
aux analyseurs de la papille. La deuxième version du Heidelberg
Retina Tomograph (HRT) permet d'étudier l'excavation papillaire
et les fibres et, surtout, une analyse
comparative.
L'image en
couleur du compte-rendu d'examen traduit l'analyse topographique de la papille,
le rouge représentant ce qui est en arrière du plan d'examen
(excavation papillaire) et le vert, ce qui est en avant (anneau
neurorétinien).
L'excavation
papillaire peut être étudiée en coupe verticale et
horizontale, en particulier lors d'excavations décentrées.
Les fibres optiques sont analysées sous la forme de courbes, classiquement
en double bosse.
L'équipe du Moorfields eye hospital (Londres)
a mis au point un logiciel qui découpe la papille en six secteurs.
Trois symboles informent sur l'état des fibres : une croix verte
pour des fibres normales, un point d'exclamation jaune pour des fibres douteuses
et une croix rouge pour des fibres pathologiques.

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Un
examen de suivi
Pour une analyse
stéréométrique, l'examinateur doit pointer quelques
repères sur le pourtour du disque optique. La machine définit
automatiquement un plan de référence et calcule la forme de
la papille. Les résultats les plus significatifs sont la surface du
disque (disk area), le rapport C/D, l'épaisseur des fibres
et la pente de l'excavation (cup shape).
Le cup
shape donne un aperçu de la pente de l'excavation. Sa valeur est
négative si la papille est normale et positive si l'excavation est
pathologique.
C'est surtout
dans le cadre du suivi que ces valeurs sont importantes.
L'HRT exécute des calculs afin de comparer
les mesures successives effectuées au cours de différents examens.
Cette analyse comparative est le fruit du travail du professeur R. Leblanc
et de son équipe (Halifax, Canada). L'analyse est indépendante
du plan de référence et du contour dessiné. En superposant
les clichés le logiciel mesure la progression de l'excavation qui
apparaît sous la forme de superpixels, rouges en cas d'aggravation
de la neuropathie et verts en cas de comblement de la papille. Tous les
paramètres chiffrés pourront être comparés, sachant
que le premier contour déterminé sera conservé lors
des examens ultérieurs, ce qui supprime un élément
subjectif. La machine peut produire des courbes d'évolution des
différents paramètres. L'examen permet ainsi de prendre en
considération des variations même minimes. Les papilles peuvent
être reconstruites sur des schémas en trois
dimensions.
Cet examen ne prend pas en compte des éléments sémiologiques
comme des hémorragies du disque, la situation d'un vaisseau
circumlinéaire ou l'aspect de la couleur de la papille.
REFERENCES
Iester
M, et al. The effect of optic disc size on diagnostic precision with the
Heidelberg retina tomograph. Ophthalmology 1997;104:545-8.
Wollstein G, et al. Identification of early glaucoma cases with the scanning
laser ophthalmoscope. Ophthalmology 1998;105:1557-63.
Chauhan BC, et al. Technique for detecting serial topographic changes in
the optic disc and peripapillary retina using scanning laser tomography.
IOVS 2000;41:775-82. |
Le
Pr Raymond Leblanc, chef du département d'ophtalmologie, université
de Dalhousie, et directeur du Eye Care Centre à Halifax au
Canada, a participé à la création du logiciel de progression
disponible dans la deuxième version du Heidelberg Retina
Tomograph. En marge de la réunion, il a accepté de partager
avec Glaucome.net son expérience de l'analyse automatisée
de la papille optique.
Glaucome.net
:
Le HRT permet un dépistage précoce du glaucome. Quel
doit-être la décision du praticien qui découvre des
altérations grâce à l'appareil ? Doit-il traiter ou non
?
Raymond
Leblanc : C'est une question courante. Soit un patient, suspect de
glaucome, ayant peut-être une pression intra-oculaire de 21 ou 22 mm
Hg et un antécédent familial de glaucome éventuel. Sa
papille est un peu inquiétante mais ne semble pas bouger, son champ
visuel est dit normal avec éventuellement une fluctuation ou une certaine
fragilité. On se rend compte alors, par les examens consécutifs
du HRT, que la papille change. Doit-on conseiller un traitement à
ce patient ?
J'ai, aujourd'hui, une confiance suffisante dans la précision des
mesures obtenues par l'appareil. Si je voyais la papille changer, même
si le champ visuel ne bouge pas, je déciderais, dans ces circonstances,
le traitement pour ce patient. Dans l'étude que nous avons
effectuée, la moitié des patients avaient eu un changement
du champ visuel et de la papille. Dans la moitié des ces cas la papille
a changé avant le champ visuel. Dans l'autre moitié, le champ
visuel est apparu modifié avant la papille. Mais le temps
écoulé entre le changement de la papille et celui du champ
visuel, quand l'atteinte papillaire a précédé
l'altération périmétrique, a été plus
long en moyenne que celui entre une modification du champ visuel suivie de
celle de la papille dans la situation inverse. Ainsi, le changement de la
papille se produit, chez certains patients, avant celui du champ visuel,
ce qui correspond de toute manière aux observations faites depuis
bien des années en utilisant des photographies.
C'est un moyen objectif de documenter l'état papillaire. Cela ne signifie
pas que tout changement de la papille objectivé par l'appareil doit
conduire à un traitement ; la réponse vaut uniquement dans
le contexte défini plus haut, où un tableau clinique que l'on
suspecte a été complété par l'examen de la papille.
Propos recueillis par Henri
Gracies |