Des
progrès considérables ont été effectués
ces dix dernières années dans le traitement médical
du glaucome, puisque sont apparues de nouvelles molécules, de nouvelles
classes thérapeutiques, de nouvelles préparations, de nouvelles
associations, ainsi qu'une nouvelle façon de penser avec la notion
de pression-cible.
L'avènement
des
prostaglandines a consacré la voie
uvéosclérale
L'avènement
des prostaglandines, en 1997, a consacré la voie uvéosclérale,
importante avec cette classe thérapeutique.
Le bimatoprost
(Lumigan 0,03 %) appartient à la famille des prostamides, très
voisine des prostaglandines, l'une des trois familles des récepteurs
lipidiques (cannabinoïdes, prostaglandines et prostamides). Cette
molécule induit une très légère augmentation
de la production d'humeur aqueuse, largement contrebalancée par
l'augmentation de la capacité d'évacuation trabéculaire
et l'augmentation encore plus marquée de l'élimination par
la voie uvéosclérale qu'elle provoque.
Le bimatoprost a montré une efficacité supérieure au
timolol, molécule de référence, tant pour l'importance
de la baisse de la pression intra-oculaire que pour le pourcentage de patients
répondeurs au traitement (1).
S. Gandolfi (2) a comparé le bimatoprost à la prostaglandine
de référence, le latanoprost. Il a pu mettre en évidence
des résultats en faveur du bimatoprost à certaines heures de
la journée, ainsi qu'un taux de répondeurs un peu meilleur,
données confirmés par l'étude de R. S. Noecker (3).
La différence demeure toutefois très modérée.
La comparaison entre le bimatoprost et l'association timolol-dorzolamide
a été en faveur du bimatoprost avec des différences
significatives.
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Hyperhémie
après deux semaines de traitement par bimatoprost |
Hyperhémie
après trois mois de traitement par bimatoprost |
Les effets
secondaires du bimatoprost sont aussi fréquents que bénins.
L'hyperhémie conjonctivale a été responsable de
l'arrêt du traitement dans 3 % des cas, mais tout collyre est responsable
de 1 à 2% d'allergie. C'est une hyperhémie non inflammatoire,
c'est à dire une vasodilatation sans prurit ni eczéma. Elle
concerne 35 % des cas au début du traitement pour chuter à
10 % après quelques semaines. La pigmentation irienne atteint 1,5
% des patients traités, chiffre qui n'augmente pas après deux
ans de traitement. La pousse de cils est plus fréquente avec le
bimatoprost qu'avec le latanoprost.
Des cas d'uvéite et d'dème maculaire cystoïde (OMC)
ont été rapportés, imposant la vigilance pour les patients
présentant un glaucome compliquant une pathologie inflammatoire, comme
pour toutes les molécules de la classe des prostaglandines et
apparentées.
Le travoprost
(Travatan) est une prostaglandine. Sa meilleure spécificité
pour les récepteurs laisserait présager une efficacité
supérieure. Des études comparatives ont été
effectuées versus latanoprost et timolol, objectivant une
supériorité du travoprost, dans des proportions très
voisines de celles du bimatoprost.
Les effets secondaires ont été ceux de sa famille
thérapeutique : une pigmentation irienne dans 2 à 3 % de cas,
dont la stabilité dans le temps reste à contrôler, une
pousse des cils dans 1 % des cas et une hyperhémie dans 35 % des cas.
Il n'a pas été mis en évidence d'OMC, mais les essais
cliniques ont écarté les patients à risque
(antécédents d'uvéite, ouverture capsulaire
postérieure).
SUITE |
Parmi les avancées, citons également la nouvelle
indication de première intention chez les patients glaucomateux
accordée au Xalatan (latanoprost) dans le cadre de l'Autorisation
de mise sur le marché ; il ne faut pas nier les nombreuses
contre-indications à l'usage des bêta-bloquants. Cette autorisation
ne concerne pas les autres produits de la même famille, un recul suffisant
n'étant pas encore obtenu. Un commentaire sur le conditionnement du
latanoprost : le flacon doit être réfrigéré de
la production du collyre à sa délivrance par le pharmacien.
Avec le temps, la concentration de latanoprost peut être minorée.
Cela ne concerne nullement le patient ; la goutte ne doit pas être
instillée glacée.
Au Japon et aux Etats-Unis, une autre prostaglandine, l'unoprostone (Rescula),
a été commercialisée mais elle n'est pas encore disponible
en Europe.
Les associations
thérapeutiques : un intérêt majeur pour
l'observance
Les associations
thérapeutiques nouvelles sont d'un intérêt majeur pour
l'observance. L'association timolol-dorzolamide (Cosopt) est un apport
dans ce cadre, cela étant également vrai pour l'association
timolol-latanoprost (Xalacom). Les études ont confirmé la
supériorité de l'association des deux molécules
comparée à chacun des produits séparément. Une
incertitude demeure l'efficacité du timolol puisqu'une instillation
n'est pas la prescription optimale de la molécule.
Des
formes sans conservateur
Des molécules sont présentées sous
de nouvelles formes galéniques comme le Nyogel, les unidoses et les
Abak sans conservateur, et enfin, aux Etats-Unis, une brimonidine avec un
nouveau conservateur moins agressif.
Les
stratégies ont évolué avec une adaptation du traitement
à chaque patient : c'est le concept de pression-cible. Plus le choix
thérapeutique est large, mieux cela est pour le patient.
REFERENCES
1-Higginbotham
EJ, Goldberg I, Schuman JS, et al. 1-year comparison of bimatoprost with
timolol in patients with glaucoma or ocular hypertension. AAO 2001. 2-Gandolfi
S, Simmons ST, Sturm R, et al. Three-month comparison of bimatoprost and
latanoprost in patients with glaucoma and ocular hypertension. Adv Ther
2001;18:110-21.
3-Noecker RS, Dirks MS, Choplin NT, et al. A six-month randomized clinical
trial comparing the intraocular pressure-lowering efficacy of bimatoprost
and latanoprost in patients with ocular hypertension or glaucoma. Am J Ophthalmol
2003;135:55-63. |