Iridotomie et glaucome
pigmentaire
Le syndrome
de dispersion pigmentaire (SDP) comprend quatre stades successifs : le premier,
sans hypertonie, le deuxième, avec hypertonie sans déficit
du champ visuel, le troisième, avec altération du champ visuel
et installation d'une excavation papillaire, et enfin le stade du glaucome
pigmentaire évolué qui conduit à la cécité
lorsque le traitement est inadéquat ou tardif.
Le diagnostic de SDP est souvent évident lors d'un examen à
la lampe à fente montrant le fuseau de Kruckenberg. Ce stade est
précédé par la pigmentation de l'AIC, plus ou moins
marquée, due à l'accumulation locale de grains de mélanine.
La mélanine provoque dans la cellule des réactions
physico-chimiques conduisant à la production de radicaux libres,
responsable d'autolyse cellulaire. Le stade précoce est réversible
avec possibilité de renouvellement cellulaire si les faisceaux
trabéculaires demeurent intacts (glaucome pigmentaire débutant).
Le phénomène devient irréversible lorsque les cellules
trabéculaires sont inactives ou détruites et les faisceaux
trabéculaires sclérosés : c'est le glaucome pigmentaire
évolué, d'autant plus grave qu'il atteint souvent des sujets
jeunes. Le passage du SDP au stade de glaucome pigmentaire avéré,
bien que quantifié de façon variable selon les études,
est de l'ordre de 20 %.
La
théorie mécanique
La théorie
mécanique de Campbell (1979) explique le SDP (1) par une constitution
anatomique de l'iris très concave en avant. L'existence d'une atrophie
de l'iris, avérée par une transillumination irienne
périphérique avec des zones importantes d'atrophie de
l'épithélium pigmentaire postérieur de l'iris de disposition
radiaire et circulaire, évoquant l'emplacement des fibres zonulaires
et des procès ciliaires. La maladie est liée à un frottement
de l'épithélium pigmentaire postérieur de l'iris contre
les fibres zonulaires antérieures et les procès
ciliaires.
La
théorie du bloc pupillaire inverse
La théorie
du bloc pupillaire inverse (2) est proposée en 1992. L'humeur aqueuse
est produite par les procès ciliaires en chambre postérieure.
Le clignement ou l'accommodation créent une chasse d'humeur aqueuse
de la chambre postérieure vers la chambre antérieure, responsable
d'une surpression de la chambre antérieure par rapport à la
chambre postérieure qui provoque un accolement de l'iris, présentant
une insertion postérieure et fine, contre les procès ciliaires
et les fibres antérieures zonulaires. Lors des mouvements pupillaires
normaux, ce frottement entraîne progressivement une disparition graduelle
de l'épithélium postérieur de
l'iris.
SUITE |
Quand conseiller une iridectomie
périphérique ?
L'iridectomie
périphérique (IP) est ainsi apparue comme proposition
thérapeutique. Campbell avait déjà remarqué que
la disposition concave en avant de l'iris disparaissait chez des patients
ayant eu des IP lors de trabéculectomies. Par ailleurs, il était
connu que la pilocarpine qui rend rigide l'iris, abolit sa concavité
et peut ainsi diminuer les zones de destruction de l'épithélium
postérieur transilluminable. L'IP permet une égalisation de
la pression entre les chambres antérieure et postérieure. Cela
est confirmé par un mouvement vers l'arrière du pigment
libéré lors de l'iridotomie.
S. A. Gandolfi a suivi des patients avec SDP ayant eu une iridotomie
unilatérale (3). Un suivi comparatif des deux yeux a mis en évidence
un meilleur comportement pressionnel des yeux ayant eu une iridotomie. Ce
résultat n'a pas été confirmé par d'autres
études.
Une étude (4), effectuée par le département ophtalmologie
de l'université de Nuremberg, a quantifié par cell flare
meter la mélanine en suspension dans la chambre antérieure,
avant et après iridotomie lors de SDP. Le taux de mélanine
a diminué de 65 % après ce traitement, preuve chiffrée
de l'efficacité théorique de l'IP, mais la PIO n'a pas beaucoup
baissé.
Les
indications de l'IP
-
Périphérie
irienne concave en avant
- Hypertonie
intra oculaire (seulement 20 % des SDP évoluent vers
l'hypertonie)
- Absence
d'altération glaucomateuse (irréversibilité du
trabéculum fibrosé) |
REFERENCES
1-Campbell
DG. Pigmentary dispersion and glaucoma. A new theory. Arch Ophthalmol.
1979;97:1667-72;
2-Karickhoff JR. Pigmentary dispersion syndrome and pigmentary glaucoma:
a new mechanism concept, a new treatment, and a new technique. Ophthalmic
Surg. 1992;23:269-77.
3-Gandolfi SA, Vecchi M. Effect of a YAG laser iridotomy on intraocular pressure
in pigment dispersion syndrome. Ophthalmology. 1996;103:1693-5.
4-Kuchle M, et al. Effect of neodymium:YAG laser iridotomy on number of aqueous
melanin granules in primary pigment dispersion syndrome. Graefes Arch Clin
Exp Ophthalmol. 200l;239:411-5.
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